09/12/21
Le Centre 4C Maroc et la CGEM organisent un atelier de réflexion sur le thème « Neutralité carbone : quels défis et opportunités pour le secteur privé marocain ?
Dans le cadre des activités du "Collège Secteur Privé" du Centre 4C Maroc, la Confédération Générale des Entreprises du Maroc (CGEM) et le Centre de Compétences Changement Climatique (4C Maroc) ont organisé, avec l’appui du projet Renforcement Opérationnel du 4C du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), un atelier de réflexion sur le thème de la « Neutralité Carbone : quels défis et opportunités pour le secteur privé marocain » le jeudi 9 décembre 2021 à 15h par visioconférence.
Plusieurs des plus larges économies du monde, notamment les États-Unis, l’Union Européenne, le Royaume-Uni, l’Inde, le Japon, etc., se sont désormais engagées à atteindre des objectifs de neutralité carbone vers le milieu du siècle. Le Pacte de Glasgow pour le Climat, adopté à la COP26, demande également à tous les pays qui ne l'ont pas encore fait de soumettre des stratégies à long terme à l’horizon 2050, en vue d'appuyer une transition équitable vers des émissions nettes nulles vers le milieu du siècle. La question des ajustements carbone aux frontières, similaires au Mécanisme d’Ajustement Carbone aux Frontières (CBAM) instauré par le Green Deal Européen, est revenue sur le devant de la scène lors de la COP26; Les pays en développement ayant proposé que ces ajustements soient également abordés dans les négociations climatiques.
En outre, le Nouveau Modèle de Développement souligne que le choix d’une énergie propre représente une option incontournable d’alignement sur les exigences nationales et internationales de durabilité, un levier de compétitivité industrielle, et une opportunité de consolider le positionnement international du Maroc, à travers le rôle fondamental qu’il peut jouer pour l’approvisionnement de pays voisins en énergie propre.
Cet atelier s’inscrit dans le cadre des missions de veille et d’aide à la prise de décision du Centre 4C Maroc, et avait pour objectif de mettre en lumière les retombées négatives et positives du CBAM pour le secteur privé marocain afin de lui permettre de se préparer au mieux et anticiper son entrée en vigueur, ainsi que la mise en application de l’article 6 de l’Accord de Paris, dont les grandes lignes ont été finalisées. Il a connu la participation de plus d’une centaine de personnes, en majorité du secteur privé(membres du collège secteur privé du 4C Maroc et de la Commission Economie verte de la CGEM), mais aussi des institutions de financement et des représentants d’organisations internationales, de l’administration publique et de la société civile.
Les débats ont concerné les stratégies publiques à mettre en place pour renforcer les capacités du secteur privé marocain à répondre aux exigences internationales en matière de transition climatique ainsi que les contraintes et opportunités de cette transition pour les différents secteurs industriels marocains (notamment le secteur des phosphates, l’industrie cimentière, l’industrie sidérurgique, et l’industrie énergétique).
Les échanges ont montré que le secteur industriel marocain est clairement engagé et n’a pas attendu le CBAM pour amorcer sa transition vers une industrie sobre en carbone. Le Groupe OCP, par exemple, vise à atteindre la positivité climatique et a mis en œuvre toute une panoplie d’actions pour mener à bien cette transition. La sidérurgie marocaine, quant à elle, est en avance de par son utilisation d'aciéries par opposition aux hauts fourneaux ailleurs dans le monde et les sidérurgistes visent à maintenir leur avance en visant le tout décarboné pour la production de nouveaux débouchés de pointe. Le secteur cimentier, fortement énergivore, a mis en place de nombreuses actions en lien notamment avec l’amélioration de son efficacité énergétique, le recours à l’énergie renouvelable, la valorisation des combustibles de substitution, et grâce auxquelles il est aujourd’hui cité comme exemple au niveau international.
Le secteur privé marocain est clairement convaincu de l’importance de sa transition vers une économie sobre en carbone, et est conscient des avantages et opportunités que cette transition peut lui apporter, notamment en termes de réduction de sa facture énergétique. Le rôle de la rentabilité carbone et économique à court terme de l'efficacité énergétique et celui de l’économie circulaire dans la décarbonation de notre pays a également été souligné.
Des défis associés à l’entrée en vigueur du CBAM existent et les représentants du secteur privé ont été très clairs par rapport à certains de ces défis, notamment : l’impact sur les prix des produits exportés, le calcul de l’empreinte carbone à travers la chaîne de valeur du produit, le taux de substitution thermique du secteur cimentier, etc. Des soucis d’équité entre acteurs européens et acteurs en dehors de l’Europe ont également été exprimés.
L’atelier a ainsi démontré que nous évoluons aujourd’hui dans un monde en perpétuelle mutation et que notre économie et nos politiques se doivent de devenir plus souples et plus résilientes face à ces changements, aussi bien celles liées aux impacts néfastes des changements climatiques, que les évolutions réglementaires au niveau national et international qui découlent de la transition vers la neutralité carbone et la mise en œuvre des dispositions de l’Accord de Paris.